Les jardins partagésLe printemps des jardins partagés.
LE MONDE | 24.04.09 | 19h53 • Mis à jour le 24.04.09 | 19h53
Verra-t-on un jardin potager sur le gazon de l’Elysée après que l’épouse du président des Etats-Unis, Michelle Obama, aidée par une classe d’école primaire, a entrepris, le 21 mars dernier, l’aménagement d’un jardin sur la pelouse de la Maison Blanche ? La question est posée – non sans malice – sur le site Cheminsverts.org, une association pour une “écologie concrète et citoyenne”, qui fait pousser depuis peu fleurs et légumes dans un enclos du jardin public Jules-Verne, au bas de Belleville, à Paris.
C’est l’un des cinquante jardins partagés créés depuis 2003 dans Paris intra-muros à l’initiative des habitants, dans un cadre défini par la Mairie sous la houlette de Fabienne Giboudeaux, adjointe chargée des espaces verts. Sept nouveaux sites viennent d’être aménagés récemment ; six autres devraient voir le jour au cours de l’année 2009. Le dernier en date, d’une superficie de 350 m² – inauguré fin février au coeur de l’ensemble d’immeubles Les Périchaux, sur un ancien terrain de basket -, est le tout premier jardin partagé du 15e arrondissement, ouvert à la population du quartier pour faire se rencontrer les générations. Il offre une cinquantaine de parcelles de petites dimensions attribuées à des jardiniers volontaires, quelques superficies plus importantes pour les enfants et l’activité d’aide familiale de l’association Entr’Aide, qui pilote le projet.
Les jardins partagés sont les lointains héritiers des jardins ouvriers du XIXe siècle, rebaptisés jardins familiaux après 1945, ou encore, jardins communautaires dans les départements du Nord. Dans les années 1990, un réseau baptisé Le Jardin dans tous ses états a mis au point une charte dont s’inspire la Ville de Paris, la Main verte, une cellule chargée d’instruire les dossiers et de coordonner les initiatives.
Alice Le Roy, coauteur de Jardins partagés, utopie, écologie, conseils pratiques (Terre vivante, 2008, 23 €), estime que le succès des jardins parisiens tient au caractère associatif, qui responsabilise tous les acteurs. “La dynamique des jardins partagés est telle qu’aucun acte de vandalisme n’a été constaté ; des gens qui ne se parlaient pas se retrouvent pour la cueillette des fleurs, des fruits ou des légumes”, explique-t-elle.
A Paris, ces jardins sont concentrés dans l’est de la ville sur les principaux sites des combats de la Commune et aux abords des voies de chemin de fer désaffectées de la petite ceinture. Leurs noms sont parfois mystérieux : celui du square Jules-Verne s’appelle le Centre de la terre ; on trouve aussi le Lapin ouvrier, le jardin de Perlimpinpin et le Poireau agile !Le jardin de l’Aqueduc (14e arrondissement) tire son nom de l’édifice construit sous Catherine de Médicis pour alimenter Paris en eau potable. Ouvert en 2005 sur une friche le long des voies du RER B, cet espace est désormais une oasis urbaine entretenue par des passionnés, où poussent des légumes, des fleurs, une vigne, avec quelques ruches. Ne sont autorisés ni engrais ni pesticides. C’est aussi le cahier des charges de l’association Noé Conservation, qui vient d’inaugurer, début avril, un jardin de 2 000 m² le long de la Grande Halle du parc de La Villette (19e arrondissement), premier maillon du réseau des Jardins passagers, voués à la biodiversité. Le succès de ces initiatives tient à l’observation de règles précises fixées par les associations. On est loin du mouvement spontané lancé à New York dans les années 1970, au temps du New Age et des beatniks, lorsque des artistes, au nom d’une “guérilla verte”, jetaient des “bombes